Page:Sand - Constance Verrier.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Quand il s’éveilla, il me surprit à genoux et tout en larmes. Il devint alors tout de glace.

« — Qu’est-ce que cela signifie ? me dit-il en me faisant asseoir ; vous allez être ainsi ? vous avez donc lu des romans ?

« — Jamais !

« — Eh bien, qu’est-ce que vous rêviez donc avant le mariage ?

« — Vous !

« — Cela n’est pas vrai, puisque je suis là et que vous avez l’air de pleurer un absent.

« — Je pleure peut-être un beau rêve, qui serait d’être aimée de vous.

« Et vous trouvez que je ne vous aime pas ?

« — Il me semble.

« — À quoi voyez-vous cela ?

« — À rien et à tout.

« — Vous rêvez : je vous aime beaucoup !

« — Beaucoup, voilà tout ?

« — Ah ! vous voulez que je dise éperdument, passionnément ?

« — Ces mots-là, dits comme vous les dites, me semblent un froid badinage ; mais si vous les disiez autrement, peut-être qu’ils me rendraient folle de joie : qui sait ?

« — Ma chère enfant, répondit le duc, je vois ce que c’est. Vous n’avez pas lu de romans, je veux bien vous croire, mais vous êtes romanesque. Peut-être que vous êtes venue au monde comme ça ! Eh bien ! il