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consuelo.

tandis qu’elle goûtait un sommeil bienfaisant entremêlé des plus doux songes.

Anzoleto avait vécu trop longtemps dans un état de calme et d’innocence auprès de cette jeune fille, pour qu’il lui fût bien difficile, après un seul jour d’agitation, de reprendre son rôle accoutumé. C’était pour ainsi dire l’état normal de son âme que cette affection fraternelle. D’ailleurs ce qu’il avait entendu la nuit précédente, sous le balcon de Zustiniani, était de nature à fortifier ses résolutions : merci, mes beaux seigneurs, se disait-il en lui-même ; vous m’avez donné des leçons de morale à votre usage dont le petit drôle saura profiter ni plus ni moins qu’un roué de votre classe. Puisque la possession refroidit l’amour, puisque les droits du mariage amènent la satiété et le dégoût, nous saurons conserver pure cette flamme que vous croyez si facile à éteindre. Nous saurons nous abstenir et de la jalousie, et de l’infidélité, et même des joies de l’amour. Illustre et profond Barberigo, vos prophéties portent conseil, et il fait bon d’aller à votre école !

En songeant ainsi, Anzoleto, vaincu à son tour par la fatigue d’une nuit presque blanche, s’assoupit de son côté, la tête dans ses mains et les coudes sur la table. Mais son sommeil fut léger ; et, le soleil commençant à baisser, il se leva pour regarder si Consuelo dormait encore. Les feux du couchant, pénétrant par la fenêtre, empourpraient d’un superbe reflet le vieux lit et la belle dormeuse. Elle s’était fait, de sa mantille de mousseline blanche, un rideau attaché aux pieds du crucifix de filigrane qui était cloué au mur au-dessus de sa tête. Ce voile léger retombait avec grâce sur son corps souple et admirable de proportions ; et dans cette demi-teinte rose, affaissée comme une fleur aux approches du soir, les épaules inondées de ses beaux cheveux sombres sur sa