Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/174

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de raison pour ne pas songer à descendre ; il remontait en gesticulant vers la roche Sanadoire, et bien que le talus fût rapide, il n’était pas dangereux.


Je pris Bibi par la bride et l’aidai à virer de bord, ce qui n’était pas facile. Puis je remontai avec lui le sentier pour regagner la route ; je comptais y retrouver maître Jean, qui avait pris cette direction.


Je ne l’y trouvai pas, et, laissant le fidèle Bibi sur sa bonne foi, je redescendis à pied, en droite ligne, jusqu’à la roche Sanadoire. La lune éclairait vivement. J’y voyais comme en plein jour. Je ne fus donc pas longtemps sans découvrir maître Jean assis sur un débris, les jambes pendantes et reprenant haleine.

— Ah ! ah ! c’est toi, petit malheureux ! me dit-il. Qu’as-tu fait de mon pauvre cheval ?

— Il est là, maître, il vous attend, répondis-je.

— Quoi ! tu l’as sauvé ? Fort bien, mon garçon ! Mais comment as-tu fait pour te sauver toi-même ? Quelle effroyable chute, hein ?