Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/100

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père ou d’être dépouillée par lui. Il connaissait la faiblesse de Flochardet pour sa femme et ne voulait pas non plus amener entre eux un rapprochement funeste. Il ne s’en ouvrit nullement à Flochardet. Mon ami, lui dit-il, je regrette de n’avoir pu vous sauver de cette catastrophe ; vous voilà dépossédé de tous vos biens, mais, puisque j’en fais l’acquisition, vous vivrez tranquille et sans dettes désormais. Vous vivrez chez votre fille, à qui je loue votre maison devenue mienne. Elle tirera parti d’une grande moitié de cet immeuble qui ne vous servait qu’à donner des bals et des spectacles, et votre clientèle à tous deux suffira à vos dépenses, car elle compte travailler à vos côtés, et, tout en faisant des progrès, elle ramènera la vogue à votre atelier. Elle ne s’en flatte pas sans raison. Je sais que l’opinion est bien disposée pour elle et que si elle l’eût voulu, elle eût déjà eu des commandes et du succès.

Flochardet remercia le docteur et objecta pourtant que si sa femme voulait se réunir à lui, il serait forcé d’élire un autre domicile.

— Si cela arrive, reprit M. Féron, elle acceptera celui que votre fille, principale locataire de ma maison, vous offre à tous deux.

— Ma femme n’y consentira jamais ! elle a trop d’orgueil : elle alléguera, pour vivre tout à fait séparée de moi, que je n’ai pas de domicile à lui offrir, parce qu’elle ne veut rien devoir à ma fille.

— Ce sera un fort mauvais prétexte, car il lui reste quelque chose et rien ne l’empêchera de payer pension à sa belle-fille. Ce sera une manière de con-