Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conduisait à une jolie villa qu’il possédait aux environs d’Arles.

Partis de Mende, la veille, le père et la fille avaient fait un détour pour aller voir une parente, et ils devaient coucher le soir à Saint-Jean-Gardonenque qu’on appelle aujourd’hui Saint-Jean-du-Gard.

C’était longtemps avant qu’il y eût des chemins de fer. En toutes choses on allait moins vite qu’à présent. Ils ne devaient donc arriver chez eux que le surlendemain. Ils avançaient d’autant moins que le chemin était détestable. M. Flochardet avait mis pied à terre et marchait à côté du postillon.

— Qu’est-ce que c’est donc qu’il y a là devant nous ? lui dit-il ; est-ce une ruine, ou un banc de roches blanchâtres ?

— Comment, monsieur, dit le postillon, vous ne reconnaissez pas le château de Pictordu ?

— Je ne peux pas le reconnaître, je le vois pour la première fois. Je n’ai jamais pris cette route et je ne la prendrai plus jamais ; elle est affreuse et nous n’avançons point.

— Patience, monsieur. Cette vieille route est plus droite que la nouvelle ; vous auriez encore sept lieues à faire avant la couchée, si vous l’eussiez prise ; par ici, vous n’en avez plus que deux.

— Mais si nous mettons cinq heures à faire ce bout de chemin, je ne vois pas ce que j’y gagnerai.

— Monsieur plaisante. Dans deux petites heures nous serons à Saint-Jean-Gardonenque.

M. Flochardet soupira en pensant à sa petite Diane. C’était le jour de son accès de fièvre. Il avait