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rieuse. Il faut se méfier de tout ce qui change, et les nuages sont ce qu’il y a de plus changeant dans le monde ; mais je pense que vous avez faim, voilà le dîner prêt. Aidez-moi à tremper la soupe, et nous nous mettrons à table.

Le dîner fut très-bon, et Catherine y fit honneur. Le fromage et la crème étaient exquis ; il y eut même du dessert, car la tante avait dans un bocal des macarons au miel qu’elle faisait elle-même, et qui étaient délicieux. Ni Sylvaine ni sa fille n’avaient jamais fait un pareil repas.

Quand on eut dîné, la nuit étant venue, madame Colette alluma sa lampe et apporta un petit coffre qu’elle posa sur la table. — Viens çà, dit-elle à Catherine. Il faut que tu saches pourquoi on m’appelle la fileuse de nuages. Approche aussi, Sylvaine, tu apprendras comment j’ai gagné ma petite fortune.

Qu’est-ce qu’il y avait donc dans ce coffret dont la tante Colette tenait la clé ? Catherine mourait d’envie de le savoir.



VIII


Il y avait quelque chose de blanc, de mou et de léger, qui ressemblait si bien à un nuage, que Catherine poussa un cri de surprise, et que Sylvaine, s’imaginant que sa tante était sorcière ou fée, devint toute blême de peur.