Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/195

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viendrait dans trois mois. Elle n’a pas voulu t’éveiller, tu aurais eu trop de chagrin de la voir partir. — Et comme Catherine pleurait très-fort, tout en demandant à sa tante de lui pardonner son chagrin : — Je ne trouve pas mauvais que tu regrettes ta mère, reprit la tante Colette ; cela doit être, et tu ne serais pas une bonne fille, si tu ne la regrettais pas ; mais je te prie, dans ton intérêt, mon enfant, d’avoir le plus de courage que tu pourras, et je te promets de faire de mon mieux pour que tu sois heureuse avec moi. Tu dois te dire que ta mère a beaucoup de chagrin aussi et qu’une seule chose peut la consoler, c’est d’apprendre que tu te soumets de bonne grâce à sa volonté.

Catherine fit un effort sur elle-même et embrassa sa tante en lui promettant de bien travailler.

— Pour aujourd’hui, répondit la tante, tu vas te distraire et te promener. Demain nous commencerons.



X


Le lendemain en effet, Catherine prit sa première leçon ; mais ce ne fut pas ce qu’elle attendait. Il ne lui fut révélé aucun secret ; sa tante lui donna une quenouille chargée de lin et lui dit : — Fais-en le fil le plus fin que tu pourras. — C’était bien assez pour la première fois, car, au pays de Catherine, on