Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/206

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tour de sa belle figure pâle. — Tu dors, paresseuse, lui dit-elle d’un air fâché ; je t’ai dit de choisir et tu as choisi : tu rêves sans rien faire ! Allons ! debout, et suis-moi ; je vois bien qu’il faut te donner mon secret. Tu vas l’apprendre…

Catherine se leva, et, dormant encore à moitié, elle suivit la tante Colette ; mais elle la suivait avec peine, car la vieille dame marchait plus vite que le vent et montait un grand escalier de saphirs et d’émeraudes avec une légèreté étonnante. Catherine se trouva dans un merveilleux palais de diamants, où l’on marchait sur des tapis d’hermine, à travers des colonnades de cristal. Elle se trouva vite au faîte de l’édifice merveilleux. — Nous voici sur le haut du glacier, dit alors la tante avec un rire épouvantable ; il faut avoir le courage de me suivre sur la grande dent. Prends-toi à ma robe, allons ! il ne s’agit pas d’avoir peur. Le nuage rose t’attend, et tu lui as donné ta parole.

Catherine prit la jupe de sa tante, mais elle glissa et ne put monter. Alors la tante lui dit : — Prends la corde et ne crains rien !

Elle lui présentait un bout de fil si fin, si fin, qu’on avait de la peine à le voir. Catherine le prit pourtant, et, bien qu’elle tirât très-fort et glissât à chaque pas, le fil ne rompit point.

Elle arriva ainsi à la pointe de l’aiguille de glace, et la tante lui arracha sa quenouille, qu’elle planta dans la neige en lui disant d’une voix terrible : — Puisque tu ne sais pas te servir de cela, voici l’outil qui te convient ! — Et elle lui mit dans les mains un