Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/255

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des harles, des tourne-pierres, des mauves, des plongeons, enfin une quantité de bêtes emplumées qu’il ne connaissait pas, et qui, aux approches du soir, venaient s’ébattre avec des cris bruyants sur le sable. Il en remarqua de très-gros qui nageaient au large et qui, au coucher du soleil, s’éloignaient encore plus, comme s’ils eussent eu l’habitude de dormir sur la mer. D’autres revenaient à terre et se glissaient dans les fentes de la dune ; d’autres prenaient leur vol, s’élevaient très-haut et semblaient disparaître le matin dans les petits nuages blancs qui flottaient comme des vagues dans le ciel rose. Le soir, ils semblaient en redescendre pour souper sur les rochers et dans les sables. Clopinet se figura d’abord qu’ils passaient la journée dans le ciel, mais il en vit un très-grand qui était perché sur le plus haut de la dune et qui s’en détacha pour faire un tour dans les airs et descendre à son lieu de pêche. Après celui-là, et partant toujours du sommet de la dune, un oiseau pareil fit le même manége, et puis un autre ; Clopinet en compta une vingtaine. Il en conclut que ces oiseaux nichaient là-haut et qu’ils étaient nocturnes comme les chouettes.

Clopinet qui de sa lucarne faisait beaucoup d’observations et voyait les oiseaux de très-près sans en être aperçu, apprit une chose qui l’amusa beaucoup. Les hirondelles de mer, qui décrivaient de grands cercles autour de lui, laissaient tomber souvent de leur bec quelque chose qui ressemblait à des coquillages ou à de petits poissons, et comme elles se balançaient en même temps sur place en je-