Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/47

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demandait qu’à être égayé ; mais il avait tort de parler toujours de sa position devant sa fille. La petite Blanche était née orgueilleuse et envieuse. Elle avait déjà le caractère aigri et c’était grand dommage, car elle eût pu être une charmante fille, aussi heureuse qu’une autre si elle se fût contentée de son sort. Son père était très-bon pour elle, et après tout, elle ne manquait que du superflu.

Le dîner fut très-honnête et très-proprement servi par une grosse paysanne qui était la nourrice de Blanche et la seule domestique de la maison.

On parla de beaucoup de choses qui n’intéressaient pas Diane. Mais quand il fut question du vieux château qu’elle avait quitté, sans oser le dire, avec un très-vif regret, elle ouvrit tant qu’elle put ses oreilles.

Son père disait au marquis : — Je m’étonne, puisque vous vous plaignez de quelques embarras de fortune, de l’abandon où vous avez laissé les objets d’art ancien dont vous auriez pu tirer parti.

— Y a-t-il réellement encore des objets d’art dans mon château ? demanda le marquis.

— Il y en a eu avant que tous les toits fussent effondrés. J’ai vu beaucoup de débris, qui, sauvés à temps, eussent pu être envoyés en Italie où l’on a encore le goût de ces choses anciennes.

— Oui, reprit le marquis ; avec quelque argent, j’eusse pu encore sauver quelque chose, je le sais ; mais ce peu d’argent, je ne l’avais pas. Il eût fallu faire venir un artiste, lui dire de faire un choix et d’évaluer ; et puis les emballages, le transport des