Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ramassés dans le parterre, et, la donnant à M. Flochardet :

— Papa, lui dit-elle, voilà ce que j’ai pris dans le jardin du château. Je croyais que c’était des cailloux comme les autres ; mais puisque tu dis que M. le marquis a eu tort de tout laisser se perdre, il faut lui rendre ces choses-là qui sont à lui et que je n’avais pas l’intention de dérober.

Le marquis fut attendri de la gentillesse de Diane, et, remettait les mosaïques dans la main de l’enfant :

— Gardez-les en souvenir de nous, dit-il ; je regrette, ma chère petite, que ce soient des morceaux de verre et des fragments de marbre sans aucune valeur. Je voudrais avoir mieux à vous offrir.

Diane hésita à reprendre les jouets qu’on lui offrait si gracieusement. En tirant à la hâte tout ce qui remplissait sa poche, elle en avait retiré aussi sa petite boucle de turquoises, et elle regardait son père en lui montrant mademoiselle Blanche qui, de son côté, regardait le bijou et paraissait mourir d’envie d’y toucher. Flochardet comprit la bonne intention de sa fille, et présentant la boucle à mademoiselle de Pictordu :

— Diane vous prie, lui dit-il, d’accepter, en échange de vos jolis cailloux, ces petites pierres taillées, afin que vous gardiez un souvenir l’une de l’autre.

Blanche rougit à en avoir les oreilles cramoisies. Elle était trop fière pour accepter simplement, mais l’envie qu’elle avait de ces gentilles turquoises lui faisait battre le cœur.

— Vous ferez beaucoup de chagrin à ma fille si vous refusez, lui dit Flochardet.