Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/66

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— Là, là, je suis là ! s’écria Diane, en courant toute affolée.

La voix rappela encore, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Elle s’élançait pour la rejoindre, et elle arriva au bord d’une grande rivière sans savoir dans quel pays elle se trouvait. Elle entra dans l’eau et se vit assise sur un dauphin qui avait des yeux d’argent et des nageoires d’or. Elle ne pensa plus à sa mère. Elle voyait des syrènes qui cueillaient des fleurs au beau milieu de la rivière. Tout à coup elle se trouva sur le haut d’une montagne, où une grande statue de neige lui dit :

— Je suis ta mère, viens m’embrasser !

Et elle ne put bouger, car elle était devenue statue de neige aussi, et elle se cassa en deux en roulant au fond d’un ravin, où elle revit le château de Pictordu et la dame voilée, qui lui faisait signe de la suivre. Elle essaya de crier : « Fais-moi voir ma mère ! » mais la dame voilée devint un nuage, et Diane s’éveilla en sentant un baiser sur son front.

C’était sa nourrice, la bonne Geoffrette, qui la souleva en lui disant : « Je vous cherche depuis un bon quart d’heure. Il ne faut pas dormir comme ça sur l’herbe, la terre est encore fraîche. Voilà votre goûter, que j’avais été chercher. Levez-vous donc, vous attraperez du mal ! Venez par là, manger au soleil. »

Diane n’avait pas faim. Elle était toute bouleversée par son rêve, qu’elle confondait avec ce qui s’était passé auparavant. Elle fut quelques moments