Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/80

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cheveux rejetés en arrière avec un ruban et une étoile au front. D’abord cette petite tête lui parut de la grandeur d’un chaton de bague ; mais, à mesure qu’elle la regardait, elle augmentait et elle arriva à remplir tout le creux de sa main. « Enfin ! s’écria la fée, me voilà ! C’est bien moi, ta muse, ta mère, et tu vas voir que tu ne t’es pas trompée ! » Elle se mit à dénouer son voile attaché par derrière — mais Diane ne put voir sa figure, car la vision s’évanouit, et elle s’éveilla désespérée. Pourtant la fiction avait été si vive et si frappante, qu’elle ne put retrouver ses esprits tout de suite et qu’elle serra la main, croyant y sentir le précieux camée, qui du moins, lui conserverait l’image précieuse si ardemment cherchée. Hélas, cette illusion ne dura qu’un instant. Elle eut beau serrer sa main et l’ouvrir ensuite, il n’y avait rien dedans, absolument rien.

Quand elle fut levée, le docteur entra chez elle portant une boîte en maroquin à agrafes d’or qu’il allait ouvrir, croyant lui causer une douce joie, mais elle s’écria en le repoussant : « Non, non, mon bon ami ! Je ne dois pas la voir encore ! Elle ne veut pas. Il faut que je la trouve toute seule, sinon elle m’abandonnera pour jamais !

— Comme tu voudras, répondit le docteur ; tu as des idées à toi que je ne comprends pas toujours, mais que je ne veux pas contrarier. Je te laisse ce médaillon, il est à toi. Ton père te le donne, tu le regarderas quand la fée qui te parle en rêve t’en donnera la permission, ou quand tu ne croiras plus aux fées, ce qui arrivera bientôt, car te voici dans