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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pour le travail de faux monnayeurs, tantôt pour les voix rauques et bruyantes des brigands. Ce bruit, qui part des entrailles de la terre, joint à l’obscurité et à tout ce que l’intérieur d’une caverne a de sinistre, aurait pu glacer des cœurs moins aguerris que les nôtres.

Mais nous avions joué à Gavarnie avec les crânes des templiers, nous avions passé sur le pont de neige quand nos guides nous criaient qu’il allait s’écrouler. La grotte du Loup n’était qu’un jeu d’enfant. Nous y passâmes près d’une heure, et nous revînmes chargés de fragments des pierres que nous avions lancées dans le gouffre. Ces pierres, que je vous montrerai, sont toutes remplies de parcelles de fer et de plomb qui brillent comme des paillettes.

En sortant de la grotte du Loup, nous entrâmes dans las Espeluches. Notre savant cousin, M. Defos[1], vous dira que ce nom patois vient du latin.

Nous trouvâmes l’entrée de ces grottes admirable ; j’étais seule en avant, je fus ravie de me trouver dans une salle magnifique soutenue par d’énormes masses de rochers qu’on aurait pris pour des piliers d’architecture gothique, le plus beau pays du monde, le torrent d’un bleu d’azur, les prairies d’un vert éclatant, un premier cercle de montagnes couvertes de bois épais, et un second, à l’horizon, d’un bleu tendre qui se confondait avec le ciel, toute cette belle

  1. Cousin éloigné de George Sand.