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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ressemble à Solange et joue avec une petite chèvre ; la chèvre mange une couronne de feuilles que l’enfant a sur sa tête. Tout cela est en beau marbre blanc. Enfin il y a Mercure, Diane, et tout plein d’autres messieurs et d’autres dames de ta connaissance. Les fêtes ont duré trois jours. De ma fenêtre, j’ai vu passer le roi et toutes ses troupes. Avant-hier, nous avons eu des joutes sur l’eau. Des matelots habillés en blanc, avec des ceintures et des chapeaux à rubans, étaient montés sur de jolies barques et venaient les uns sur les autres. Ils se battaient, c’est-à-dire qu’ils faisaient semblant, comme au spectacle. Beaucoup tombaient dans la Seine ; comme c’étaient tous de très bons nageurs, ils s’en moquaient et rattrapaient bientôt leur barque. Sur le bord de l’eau était dressé un beau pavillon, pour les juges du combat qui ont donné le prix aux vainqueurs.

J’avais emmené Léontine, qui a tout vu ; le grand Fleury l’a mise sur sa tête, et ils sont arrivés l’un sur l’autre ; moi, je suis revenue avec la migraine. Le soir, j’ai vu les illuminations sans sortir de ma chambre. Quatre grandes colonnes de lampions autour de la statue d’Henri IV ; les tours de Notre-Dame étaient illuminées aussi ; c’était fort beau. De mon balcon, j’ai vu le feu d’artifice qui se tirait sur la place de la Révolution. C’est bien loin de chez moi ; mais les fusées montaient si haut, qu’on voyait très bien ; il y en avait qui lançaient des flammes tricolores ; c’était superbe.