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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


LXXXVIII

AU MÊME


Paris, 8 juillet 1832.


Mon cher petit,

Je t’écrivais dernièrement que j’étais inquiète de toi. À peine ma lettre partie, j’ai reçu la tienne. Ton dessin est gentil ; Solange l’a bien regardé, elle a reconnu la grue tout de suite. Elle apprend à lire et sait déjà très bien tous les sons. Cela l’amuse. Si je l’écoutais, nous ne ferions que lire toute la journée ; mais elle en serait bientôt dégoûtée. Je lui ménage ce plaisir-là. Si elle continue, elle saura lire bien plus jeune que toi. Tu étais encore, à sept ans, un fameux paresseux, t’en souviens-tu ? Heureusement tu as réparé le temps perdu. Travailles-tu bien ? dis-moi ce que tu fais à présent : est-ce l’histoire des Grecs ? Et le latin, t’amuse-t-il toujours ?

Nous avons été à Franconi, Solange et moi. Nous étions en bas, tout à côté des chevaux. Elle a vu les batailles, les coups de pistolet, les chevaux qui galopaient, les deux éléphants qui sont descendus sur des planches tout à côté d’elle. Elle n’a peur de rien. Elle a touché les bêtes, elle a ri au nez des acteurs. Elle s’est amusée comme une folle. Seulement, quand