Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

fusse noyée dans un torrent de pleurs, répandues par Pierre[1], Thomas[2], Colette[3], Pataud[4], Marie Guillard[5] et Brave[6] ; torrent auquel j’en joignis un autre de larmes abondantes. Que dis-je ! un torrent ? c’était bien une mer tout entière.

Après avoir embrassé ces inappréciables serviteurs, les uns après les autres, je m’élançai dans la voiture, soutenue par trois personnes, et j’arrivai sans encombre à Châteauroux. Là, nous fûmes singulièrement égayés par la conversation piquante et badine de M. Didion, qui nous fit pour la cinquante-septième fois le récit de la maladie et de la mort de sa femme, sans omettre la plus légère particularité.

À Loches, mon ami, vous croyez peut-être que je me suis amusée à penser que ces tourelles noircies, où ma cuisinière mourrait du spleen, avaient été la résidence d’un roi de France et de sa cour ; ou bien que j’ai demandé aux habitants des nouvelles d’Agnès Sorel ?… J’avais bien autre chose dans l’esprit. Je songeais, avec recueillement, avec émotion, au passage dans cette ville du respectable et philanthrope M. Blaise Duplomb[7], lequel fut rattrapé par des querdins de zendarmes qui l’attacèrent à la queue de

  1. Pierre Moreau, jardinier.
  2. Thomas Aucante, vacher.
  3. Jument de George Sand.
  4. Chien de garde.
  5. Cuisinière.
  6. Chien des Pyrénées.
  7. Propriétaire à la Châtre.