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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

À propos de Bignat, j’ai fait à Mallefille, de votre part, les plus sérieux reproches. Il s’accuse grandement et vous écrira demain. Par ces détails, vous pourrez voir, chers Fellows, que mon intérieur n’a rien de bien intéressant à offrir à votre attention. Il est paisible et laborieux. J’entasse romans sur nouvelles et Buloz sur Bonnaire ; Mallefille entasse drames sur romans, Pélion sur Ossa ; Mercier, tableaux sur tableaux ; Tempête[1], bêtises sur bêtises ; Maurice, caricatures sur caricatures, et Solange, cuisses de poulet sur fausses notes. Voilà la vie héroïque et fantastique qu’on mène à Nohant.

Nous n’avons ni lago di Como, ni Barchou, ni jeunes filles chantant la polenta, ni sublimes accords du maestro, ni cathédrale de Milan, ni princesse, ni déesse ; mais nous avons la mèche de Rollinat, les refrains rococo de Boutarin[2], le nez du Gaulois[3], les sabots du Malgache[4], le souvenir de Lasnier, les lettres de maître Emmanuel[5], l’avocat, et la barbe de Mallefille, qui a sept pieds de long. Tout cela fait une jolie constellation.

  1. Mademoiselle Rollinat.
  2. Duteil.
  3. Fleury.
  4. J. Neraud.
  5. Arago.