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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCI

À MAURICE SAND, À PARIS


Cambrai, samedi soir 15 août 1840.


Cher toutou,

Je t’aime, je me porte bien, je me couche tôt et je me lève idem. Aujourd’hui, nous avons été voir une manufacture, une cathédrale et la Marche historique, qui serait une chose belle et curieuse de loin. Mais j’étais trop près et j’ai vu que c’était fort sale et déguenillé. Il y avait pourtant quelques beaux costumes, mais peu d’ensemble et rien d’exact.

Nos hôtes nous ont régalés d’un dîner de quarante personnes, vrai gueuleton de province, trois heures à table et de l’esprit de gendarme à mort. Puis une soirée dansante, dans un superbe salon. Voilà tout ce qu’il y a à dire de la société ; j’y ai rencontré une demi-douzaine de personnes qui prétendaient me connaître et que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam. Un vrai tas de particuliers. Il y aurait de bonnes scènes de mœurs de province à faire sur l’intérieur de nos hôtes, bonnes gens, excellents, mais gendarmes ! un gendarme, deux gendarmes, trois, quatre, six, huit, quarante gendarmes ! c’est curieux dans son genre.

Demain, le concert est à onze heures du matin, ce qui caractérise la vie cambrésienne. Ma présence en