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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Nous autres, Maurice et moi, qui sommes de grands philosophes, nous vous déclarons que, si vous ne nous envoyez pas excessivement vite cinq billes de billard, nous vous écrirons un torrent d’injures, et nous mettrons Carillo[1] à feu et à sang. Nous avons trouvé notre billard desséché, les queues gelées, les billes écorchées, et tout l’attirail endommagé. Nous avons pris nos précautions pour beaucoup de choses ; mais nous n’avions pas prévu que nos billes seraient marquées de la petite vérole. Il faut que les rats aient fait de beaux carambolages cet hiver. Ainsi, mademoiselle, faites-nous acheter cinq billes pour la partie russe, deux blanches, une rouge, une jaune et une bleue. Priez M. Gril de nous faire cette emplette, lui qui est un fameux joueur de billard, puisqu’il m’a battue plusieurs fois. Dites-lui, pour sa gouverne, que le billard est grand, non pas énorme, mais assez grand pour que les billes ne soient pas de la première petitesse, ni de la première grosseur. S’il pouvait, en même temps, nous acheter d’excellents procédés, il mettrait le comble à ses bienfaits. Je ne suis pas contente de ceux que j’ai emportés : ils sont trop durs. Je les ai pris chez Plenel, boulevard Saint-Martin ; avis pour n’y pas retourner. Mais, sur le même boulevard, il y a des marchands de billards à choisir.

Tout le monde vous fait de tendres amitiés. Moi, je vous embrasse de toute mon âme, ma bonne petite

  1. Le chien de mademoiselle de Rozières.