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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

soucis, quand vous en avez, ont une cause moins puérile que ces vains regrets d’un âge qui n’est plus à regretter dès qu’il est passé. Qu’ont-ils à se plaindre, ceux qui sont encore dans la vie que j’avais hier ? Craignent-ils de ne pas vieillir ? Est-ce que chaque phase de notre vie n’a pas ses forces, ses richesses, ses compensations ? Il faut vivre comme on monte à cheval ; être souple, ne pas contrarier la monture mal à propos, tenir la bride d’une main légère, courir quand le vent souffle et nous presse, aller au pas quand le soleil d’automne nous y invite. Dieu a bien fait les choses, et, lui aidant, les hommes arriveront à les comprendre.

Voilà ce qui me passe par la tête en pensant à Pététin et à tant d’autres que je sais et qui passeront le torrent en disant : « Je le croyais plus furieux. »

Bonsoir, ma bonne chérie. Mille tendresses à mon Gaston, et à vous mille caresses de cœur. Écrivez-moi.


CCXV

À M. ANSELME PÉTÉTIN, À PARIS


Nohant, 30 mai 1842.


Cher Gengiskhan,

Si vous êtes fâché contre moi, vous avez tort, je le pense. Je ne suis pas curieuse, ni désœuvrée, ni ta-