Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXIX

À MONSEIGNEUR L’ARCHEVÊQUE DE PARIS


Nohant, septembre 1842.


Monseigneur.

Mon nom est peut-être une mauvaise recommandation près de vous ; mais, si, avec des croyances peut-être différentes des vôtres, je viens à vous, pleine de confiance, pour vous indiquer une bonne œuvre à faire, il me semble que votre sagesse éclairée et votre esprit de charité peuvent m’accorder aussi quelque confiance et m’écouter avec douceur.

Il y a du moins un point qui rassemble les âmes engagées sur des routes diverses. C’est l’amour de la justice, et, comme toute justice émane de Dieu, peut-être ne suis-je pas une âme impie ni indigne de merci ; c’est cet esprit de justice et de bonté que j’invoque, pour oser, sans être connue de vous, vous confier un secret et vous demander une grâce.

Monseigneur, il y a, dans une commune de campagne, un desservant très orthodoxe, nullement partisan de mes dissidences avec la lettre des lois de l’Église, et avec lequel, par conséquent, je ne suis pas intimement liée. Je respecte trop la sincérité et la fermeté de sa foi pour chercher à l’ébranler par de vaines dis-