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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

les croquons à toutes les sauces, et cet échantillon du Berry, en même temps qu’il nous couvre de gloire aux yeux de nos convives, nous satisfait l’estomac en nous réjouissant le cœur. Solange surtout en fait son profit à belles dents, et madame Pauline les a trouvés si bons, que je lui en ai promis, de ta part, un joli sac que certainement tu ne lui refuseras pas.

Je te dirai que nous sommes occupés de cette grande et bonne Pauline, avec redoublement depuis son redébut aux Italiens. Je ne te dis rien de sa voix et de son génie, tu en sais aussi long que nous là-dessus ; mais tu apprendras avec plaisir que son succès, un peu contesté dans les premiers jours, non par le public, mais par quelques coteries et boutiques de journalisme, a été, dans la Cenerentola, aussi brillant et aussi complet que possible. Elle y est admirable, et, durant trois représentations de suite, on lui a fait répéter le finale. On remonte maintenant le Tancrède pour elle, et, les jours où elle ne chante pas, nous montons à cheval ensemble.

Nous cultivons aussi le billard ; j’en ai un joli petit, que je loue vingt francs par mois, dans mon salon, et, grâce à la bonne amitié, nous nous rapprochons, autant que faire se peut, dans ce triste Paris, de la vie de Nohant. Ce qui nous donne un air campagne, aussi, c’est que je demeure dans le même square que la famille Marliani, Chopin dans le pavillon suivant, de sorte que, sans sortir de cette grande cour d’Orléans, bien éclairée et bien sablée, nous courons, le