Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
271
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

très accentuée. Ils prononcent qui tchi. Ainsi dans leurs pronoms démonstratifs, qui sont très riches, ils disent : quaqui-, celui-ci ; quaqui-là là, celui-là ; et quaqui-là là là, celui-là plus loin ou là-bas ; et ils prononcent quatchi-là, quatchi-là là, et quatchi-là là là, ce qui ne manque pas de caractère, comme vous voyez : au féminin, qualchi-là, qualchi-là là, etc. Nous avons bien quelques chiens frais qui se permettent de dire : c’te’lui-là, c’tella-là. Mais ce sont, comme dit Montaigne, façons de parler champisses et mauvaises, et nos puristes les traitent avec mépris.

Je me permettrai une seule critique sur votre manière d’orthographier bouffoi, bouffouet et tous les mots de pareille composition. Nous prononçons bouffé (nous disons plus élégamment bouffret), et je crois qu’il est conforme à cette prononciation, ainsi qu’à la bonne orthographe, d’écrire bouffouer, comme les vieux auteurs, qui écrivaient dressouer, draggouer. Notre prononciation est si bonne, que, sans elle, nous aurions perdu le sens de plusieurs mots propres. Ainsi nous avons une commune qui s’appelle, en chien frais et dans tous les actes et registres civils, la L’œuf, nos paysans s’obstinent à lui donner son véritable nom : l’Alleu.

Mais voici bien assez de critiques. Je vous dois les plus sincères éloges pour la réhabilitation et le nouveau lustre que vous donnez à notre idiome, à nos figures, et à quelques mots qui sont de création indigène et dont rien ne peut traduire la finesse. Fafiot, fafioter,