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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

d’obligeance fraternelle. Je t’en remercie et te prie de me pardonner cette course que je t’ai fait faire, mais où tu as été bien utile à notre jeune et jolie parente. J’espère que tu es reposé et que tu ne m’en veux pas d’avoir usé de ton zèle et de ton bon vouloir.

Nous nous sommes royalement ennuyés au milieu des grandeurs du passé, surtout les deux premiers jours. Peu à peu pourtant nous nous sommes trouvés plus à l’aise, et nous nous sommes quittés tous fort tendrement. Le fait est que nos hôtes ont été excellents pour moi et pour mes enfants. Mais croirais-tu que nous avons trouvé tout le contraire de ce qui était à prévoir ? René très conservé physiquement, mais vieilli de cent ans au moral, pétrifié comme ses sculptures et ses armoiries, ne parlant que de ses ancêtres, de ceux de sa femme et de son gendre ; enfin un marquis de Tuffières ! La qualité l’entête, comme dit le Misanthrope : et cela est d’autant plus étrange à entendre, que son caractère est resté bon, simple, affectueux et soumis. Quant à Appoline[1], c’est un miracle que la grâce, l’effusion et la bienveillance qu’elle a acquises en vieillissant. Elle a été charmante pour Solange et pour Maurice, et avec moi, vraiment affectueuse, sensée et naturelle. Elle est fort dévote maintenant, mais très tolérante et charitable.

Quand mon père disait qu’avec de bonnes et grandes qualités, elle avait des petitesses incompré-

  1. Appoline, comtesse de Villeneuve, épouse de René de Villeneuve.