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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

nirs, de professions de foi et de méditations, dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai. Je n’aime pas l’orgueil et le cynisme des confessions, et je ne trouve pas qu’on doive ouvrir tous les mystères de son cœur à des hommes plus mauvais que nous, et, par conséquent, disposés à y trouver une mauvaise leçon au lieu d’une bonne. D’ailleurs, notre vie est solidaire de toutes celles qui nous environnent, et on ne pourrait jamais se justifier de rien sans être forcé d’accuser quelqu’un, parfois notre meilleur ami. Or je ne veux accuser ni contrister personne. Cela me serait odieux et me ferait plus de mal qu’à mes victimes. Je crois donc que je ferai un livre utile, sans danger et sans scandale, sans vanité comme sans bassesse, et j’y travaille avec plaisir. Ce sera, en outre, une assez belle affaire qui me remettra sur mes pieds, et m’ôtera une partie de mes anxiétés sur l’avenir de Solange, qui est assez compromis.

Vous m’avez envoyé une charmante épître en vers dont je ne vous ai pas remercié. Il faut la garder ; car, en supprimant quelques vers qui me sont tout personnels, ce morceau trouvera sa place dans un de vos futurs recueils. Ne vous ai-je pas dit, dans le temps, que je trouvais votre cigale et votre fourmi ravissantes dans leur genre ? À ce propos, et sans que ma contradiction porte en rien sur le fond de votre pensée, je veux vous dire que vous vous trompez sur le