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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

dans sa maladie. Depuis son retour de Paris, elle était si charmante, que j’en étais inquiète. Il est impossible d’être plus résignée, plus caressante et plus gaie qu’elle ne l’est, quoique malade encore.

Elle a pour gouvernante une grande grosse fille, assez instruite, et tout à fait bonne (sœur de Rollinat). Gévaudan est toujours ici, retenu par le désir de vous voir. Il est toujours le meilleur garçon de la terre, et je vous assure que je le prends tout à fait en amitié. Il est doué d’un bon sens que je voudrais bien donner à tous ceux avec qui j’ai eu l’honneur de faire connaissance dans ma vie. P… n’aura jamais l’ombre d’une idée juste ; mais ce serait le juger trop sévèrement que de ne pas lui accorder un très bon cœur. Il est sincèrement désolé de vous avoir déplu ; il ne se doutait même pas qu’il pût y avoir de l’impolitesse à ce qu’il a fait envers vous. Soyez assez bonne pour lui pardonner ; il ne le fera plus, et cette petite leçon lui servira, — jusqu’à la prochaine fois.

Au reste, vous seriez désarmée si vous saviez quelle énorme consommation de poissons d’avril il a faite depuis votre départ. Il faut que je vous les raconte pour vous engager à estimer sa candeur et sa loyauté.

En arrivant de Paris, il trouve ici Gévaudan.

— Ah ! ah ! dit-il, voici M. de Gévaudan le légitimiste ! madame d’Agoult m’a dit qu’il était arrivé.

— Non pas, lui fais-je. Il devait venir ; mais il est tombé malade au moment de se mettre en route, et il m’a envoyé mon cheval par l’occasion de monsieur,