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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

est pour le peuple ou pour une certaine bourgeoisie démocratique qui n’est pas le peuple, et qui manque d’intelligence au premier chef !

Je vais vous envoyer la constitution de Leroux. C’est savant, ingénieux, et très bon à lire dans un temps de calme et de spéculation philosophique. Mais toutes ces formes symboliques, et ces systèmes à priori ne répondent en rien aux besoins, aux possibilités du moment. C’était facile à tourner en ridicule, on l’a fait, et cet écrit n’a servi à rien. Proudhon est bien plus fort que lui dans les théories absolues et personnelles. Mais c’est l’esprit de Satan, et malheur à nous si nous mettons ainsi l’idéal à la porte ! Leroux en a trop ; mais, pour n’en point avoir du tout, Proudhon n’est pas plus praticable.

Ces esprits-là en cherchent trop long. Il n’en faudrait pas tant pour nous sauver. Je vous enverrai une brochure de Lamennais, et ce que je pourrai rassembler ici, avec un livre que mon ami Borie vient de faire et dont j’ai écrit l’introduction. Vous m’en direz votre avis.

Je ne veux pas vous parler des événements de l’Italie et de ceux qui particulièrement vous intéressent. Il me semble qu’il ne le faut pas, par prudence pour vous. Vous me tiendrez au courant, tant que vous pourrez, et vous savez si je m’y intéresse, si je me tourmente, si je m’afflige et si j’espère et souffre comme vous et avec vous !

Mes enfants vous aiment et me chargent de vous le