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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCXIII

À M. ARMAND BARBÈS, À DOULLENS


Nohant, 27 août 1850.


Mon ami bien-aimé,

Je n’ai reçu qu’il y a deux jours votre lettre du 5 courant. J’avais aussitôt résolu d’aller à Londres, d’y voir nos amis et d’essayer de faire ce que vous me conseillez. Mais des empêchements majeurs sont survenus déjà, et je ne saurais m’assurer de quelques jours de liberté. Et puis il s’est passé déjà trop de jours depuis votre lettre, et chacun doit avoir pris son parti. J’ai pourtant écrit à Louis Blanc, le seul sur lequel j’espère avoir non pas de l’influence morale, mais la persuasion du cœur et de l’amitié. Je lui ai parlé de vous et j’ai appuyé votre opinion sur la connaissance que j’ai du fait principal ; c’est-à-dire qu’à lui seul il ne peut rien quant à présent. Je l’ai conjuré, pour le cas où il croirait devoir répondre, et où sa réponse serait peut-être déjà sous presse, de ménager la forme à l’avenir, de montrer une patience, un esprit de conciliation et de fraternité supérieur aux discussions de principes. Mais je n’espère rien de mes prières. Les hommes dans cette situation sont entraînés sur une pente fatale. Une voix s’élève pour les rap-