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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

que, mes dettes payées, il ne me reste pas un centime. C’est donc pour une autre pièce, si elle réussit sous le rapport des écus, et pour une autre année probablement, si vous êtes libre quand je serai riche. Il faut aussi que je rentre dans la disposition d’une petite maison que j’ai dans le village, et qui est louée à bail, jusqu’en novembre prochain. Je la ferai arranger proprement pour que vous y puissiez loger, si nos projets se réalisent ; car, maintenant, avec les arrangements que Maurice a faits dans la grande maison, les amis qui y sont à demeure et le théâtre, il ne me resterait pas un coin grand comme la main pour loger votre famille. Si j’avais eu ce logement libre, je vous aurais fait venir cet hiver pour le calorifère, dont je ne pouvais plus me passer, et que j’ai fait construire par un homme du pays. Mais je n’aurais pas pu vous séparer deux mois, n’est-ce pas ? de Désirée et de Solange, et je n’aurais pas voulu vous mettre tous les trois sur un lit de sangle, dans une soupente. Cette question-là m’a empêchée de suivre mon désir, et même de vous en parler.

Espérons que tout ne sera pas bouleversé en 1852, comme les bourgeois le prétendent. Je crois, au contraire, qu’on ne bouleversera pas assez ! Alors, nous pourrons passer six mois ensemble en famille. Dans ce moment, j’emprunte une somme à intérêts pour faire, à mes frais, la publication de mes œuvres complètes, à quatre sous la livraison. Ce sera enfin le moyen de populariser des ouvrages faits en grande partie pour le