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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qu’il se repentît de lui-même de nous avoir considérés comme une poignée de scélérats qu’il fallait abandonner, livrer, dénoncer aux fureurs de la réaction.

Bonsoir, mon ami ; je t’embrasse et regrette bien que tu sois toujours là-bas quand je suis ici. Ma santé ne se rétablit pas encore, je me suis beaucoup fatiguée pour obtenir jusqu’ici beaucoup moins qu’on ne m’avait promis ; je m’en prends surtout au désordre effrayant qui règne dans cette sinistre branche de l’administration, et à la préoccupation où les élections tiennent le pouvoir. Je crois que l’amnistie viendra ensuite. Si elle ne vient pas, je recommencerai mes démarches pour arracher du moins à la souffrance et à l’agonie le plus de victimes que je pourrai ; on m’en récompense par des calomnies, c’est dans l’ordre, et je n’y veux pas faire attention.

On joue une nouvelle pièce de moi la semaine prochaine, une pièce gaie et bouffonne[1], que j’ai faite avec la mort dans l’âme, les directeurs de théâtre refusant mes pièces, sous prétexte qu’elles rendent triste. Ces pauvres spectateurs ! ils ont le cœur si tendre ! ils sont si sensibles, ces bons bourgeois ! Il faut prendre garde de les rendre malades !

Bonsoir encore, cher ami ; je t’envoie cette lettre par une occasion sûre. Embrasse ta chère Peppina pour moi. Maurice est très fier de ton compliment.

  1. Les Vacances de Pandolphe.