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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

vous le dire ; mais combien peu qui n’aient pas mérité leur sort ! Ils sont victimes d’une effroyable injustice légale : mais, si une république austère faisait une loi pour éloigner du sol les inutiles, les exploiteurs de popularité, vous seriez effrayé de voir où on les recruterait forcément.

Soyons indulgents, miséricordieux pour tous. Je nourris de mon travail les vaincus, quels qu’ils soient, ceux qui avaient Ledru-Rollin pour drapeau, comme les autres, ni plus ni moins ; je combats de tous mes efforts leur condamnation et leur misère ; je n’aurai pas une parole d’amertume ou de reproche pour ceux-ci ou pour ceux-là. Tous sont également malheureux, presque tous également coupables ; mais je vous donne bien ma parole d’honneur, et sans prévention aucune, que les plus fermes, les meilleurs, les plus braves ne sont pas plus dans le camp où vous vous êtes jeté que dans celui que vous avez maudit. Je pourrais, si je consultais ma propre expérience, vous affirmer même que ceux qui juraient le plus haut ont été les plus prudents ; que ceux qui criaient : « Ayez des armes et faites de la poudre ! » n’avaient nulle intention de s’en servir ; enfin que là, comme partout, aujourd’hui comme toujours, les braillards sont des lâches.

Et voilà un homme sans tache qui vient prononcer que par ici il y a des braves, par là des endormis ; qu’il existe en France un parti d’union, d’amour, de courage, d’avenir, au détriment de tous les autres ! Osez donc le nommer, ce parti ! Un immense éclat de