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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

catesse pour ne pas les réduire au silence, ou à des fureurs qui les déshonoreront. Laissons faire, je tiens bon.

Hetzel s’inquiète des querelles, des duels même que cela peut attirer à toi et à mes amis. Mes amis n’ont pas le droit de se mêler de cela, je m’y suis toujours opposée, je m’y opposerai toujours. Quant à toi, comme toi et moi c’est la même chose, pour rien au monde il ne faut commettre notre cause dans cette ressource bête et brutale.

Quelque injure qu’on m’adresse, j’ai une épée plus forte dans les mains que la leur, et je ne veux pas être réduite au silence par la menace de l’épée du duel, ni de ta part, ni de la leur.

Nello leur fera faire quelques réflexions là-dessus, sur l’odieux d’attaquer une femme dans son fils, ou le fils dans sa mère. La plus grande tranquillité et la plus grande circonspection de conduite sont donc nécessaires. Ne te laisse entraîner à aucun dépit, à aucune impatience qui me paralyserait dans ma lutte. Évite même les propos autour de toi et sois tranquille. La plupart de ces messieurs, et M. Jules Lecomte en tête, sont si méprisables, qu’on aurait, au besoin, le droit de leur refuser tout autre combat que celui des coups de pied au derrière, et ils ne les chercheront pas.

J’arrive à la fin du roman ; je pense à Mauprat. Sois tranquille. Il faudra bien que je m’en tire et que je fasse un drame dans les conditions dont tu parles et qui, en effet, sont les bonnes.

Bonsoir, mon Bouli ; je t’embrasse mille fois. Re-