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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Il se voit bien partir et fait ses adieux à tous ses amis avec sa bonté et son effusion ordinaires. Je ne le crois pas si près de sa fin que les médecins le prétendent ; mais je crois bien qu’il n’en reviendra pas. C’est un vrai chagrin pour moi ; car, après Rollinat, c’était le meilleur du pays.

L’empereur et l’impératrice ont été voir le Pressoir. L’empereur a beaucoup applaudi, l’impératrice a beaucoup pleuré. On s’inquiète fort de la guerre à Paris. Dans les campagnes, tu sais qu’on ne s’occupe que du temps qu’il fait. La vendange est à peu près nulle. La moisson a été mauvaise. Les noix ont gelé. Les pommes de terre sont malades. On craint un hiver très malheureux pour les pauvres, gêné pour tout le monde.

Comme nous voilà tout seuls en famille, le petit théâtre remplace le grand, et Maurice, avec Lambert, nous donne souvent des représentations de marionnettes. Ils ont fait encore des merveilles de décors et de costumes.

J’espère que je te donne un bulletin complet de nos faits et gestes. Réponds-moi pour tout ce qui t’occupe et t’intéresse. Écris-moi toujours ici ; car je ne compte pas rester longtemps à Paris, et, d’ailleurs, on me renverra tes lettres.

Bonsoir, ma mignonne chérie ; je t’embrasse mille fois. Maurice t’embrasse de tout son cœur.