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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

chage enragé, le couteau sur la gorge. Et puis, quoi qu’il en dise, lui, je crains qu’en travaillant comme deux forçats, vous n’arriviez pas ; car il ne me paraît pas prévoir le chapitre des accidents, qu’il faudrait toujours faire entrer en ligne de compte. Je ne crois pas qu’il puisse faire toute la besogne sans ton aide, et ne seras-tu pas rebattu de ce même travail dont tu sors d’en prendre ?

Émile me dit que l’on cherche des combinaisons. Eh bien, puisque ce n’est pas conclu, je pense aussi à ma part de travail. Je ne recule pas, pour te rendre service, devant l’ennui des recherches et le peu de plaisir de ce genre de récréation ; mais, vu la quantité de texte que l’on demande, je suis très inquiète, et crains de ne pas arriver à bien. C’est déjà beaucoup qu’un album de moi, genre fantastique ! Un second, si le premier n’a pas grand succès comme texte, ne sera-t-il pas mal accueilli ? souviens-toi que le public m’a toujours assez peu secondée, et souvent lâchée tout à fait, dans les tentatives que j’ai faites pour sortir de mon genre.

Il a beaucoup sifflé Pandolphe, qui nous paraissait gai et gentil, et qu’il n’a pas trouvé amusant du tout. Cela ne m’a pas encouragée à reprendre cette veine. Depuis huit jours, je ne fais que penser à ce que je pourrai dire sur ces personnages[1], qu’il faudrait si bien trousser, et je crois qu’il y faudrait un chic et une

  1. Ceux de Masques et Bouffons.