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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

travail de ceux qui vivent de leur plume. Il faut dire cela en confidence à ses amis et qu’ils ne le redisent pas ; car, malgré l’exemple d’un grand poète, je n’admets pas que les poètes ne sachent pas se résigner à manquer d’argent. N’est-ce pas leur état ? Tout le chagrin de l’exil serait l’oubli de ceux que l’on aime ; mais, pour votre part, vous me dites qu’il n’en sera pas ainsi, et je n’ai pas à me plaindre, du reste, des bonnes âmes que j’ai rencontrées sur mon petit chemin.


CDXXXIX

À M. VICTOR BORIE, À PARIS


Nohant, 13 octobre 1858.


Mon cher vieux, nous regrettons que tu n’aies pu rester davantage avec nous. Tâche de t’affranchir pour qu’on te voie plus souvent.

Lambert part vendredi. J’ai longuement causé avec lui. Il est fort abattu. Je suis d’avis qu’il essaye le théâtre, à condition qu’il ne renoncera pas à la peinture. Je lui ai offert de rester ici tant qu’il voudrait ; mais il ne croit pas que cela lui soit utile.

J’aime beaucoup l’idée des vrais moutons sur la scène. Je présume qu’on leur mettrait un petit sac sous la queue ; car ces animaux-là fonctionnent continuellement. Je n’aime pas le titre de Georgine pour une bergerie. Bref, je n’ai songé ni à cette pièce-là, ni