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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

bien ne commencez pas. La Revue des Deux Mondes est toute prête à me prendre l’ouvrage aux mêmes conditions, et cela ne me portera aucun préjudice. Ayez la conscience en paix sur ce point.

À vous de cœur.
G. SAND.


CDLII

À M. DESPLANCHES


Nohant, 26 décembre 1859.


Oui, monsieur, j’aurai du courage. Je sais qu’il le faut ; je ne m’étais pas jetée dans la lutte par amour de la lutte, je ne la prévoyais même pas. J’étais jeune et je me sentais artiste. J’ai vieilli en luttant, toujours étonnée de la haine des autres, mais sentant chaque jour davantage que, quand on croit, on ne peut plus reculer. Je le voudrais en vain : la vérité est bien plus forte que moi, et même je suis naturellement faible ; mais je l’aime tant, la vérité, qu’elle me pousse et me porte, et que tout ce qui n’est pas elle m’est à peu près indifférent.

Merci pour votre lettre. Elle est d’un grand cœur et d’un noble esprit. Croyez-vous que de tels encouragements ne pèsent pas cent fois plus dans ma vie