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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Coudray à Nevers, ce ne serait peut-être pas la même chose.

J’ai reçu la tienne, de lettre, et je suis heureuse de voir que ton petit mioche te donne toutes les joies de la grand’paternité — je souligne ! Voici, hélas ! comment tout se compense et s’équilibre dans le bien et dans le mal pour chacun de nous. Mes yeux voient des mers d’azur, des montagnes superbes, des fleurs charmantes ; mais ils ne verront plus que le portrait de ma pauvre Nini, qui était la perle et la fleur par excellence de ma vieillesse. Je ne la sentirai plus sur mes genoux ni dans mes bras, je n’entendrai plus sa voix, je n’échangerai plus rien avec elle en cette vie. — Résignons-nous ; notre cause et notre but nous sont inconnus, mais ils sont l’œuvre et le vouloir de Dieu. Ils ne peuvent donc être mauvais, et tout, après la vie, doit être dédommagement, puisque, dès cette vie, tout conduit à la notion de l’équilibre et de la rémunération.

Maurice a été à Hyères pour la seconde fois, un peu poussé par un dégoût momentané du séjour de Tamaris, où le mistral souffle de temps en temps et plusieurs jours de suite avec une violence inouïe. J’étais assez souffrante et il disait que si le climat d’Hyères était moins brutal, il voulait m’y transporter. Mais il a trouvé que c’était la même chose, alternative de bourrasques et de séries de jours admirables.

Il a été voir M. Germain, dans son château, très pittoresque et très beau, de Saint-Pierre des Horts. Le