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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

puisqu’il a servi de manifestations à votre âme, à votre cœur et à votre génie naturel ! Qu’eussiez-vous fait avec l’instrument que le ciel et les hommes ont donné à Mathéron[1] ? Il dit : « Une seule-t-auberge, un chivau, le mer, la sable ; » et pourtant, il m’amuse à entendre, parce qu’il parle comme il sait et comme il peut. Mais savoir la musique à fond pour se délecter aux fausses notes ! Vous n’êtes qu’un ingrat et un impie.

Après cela, s’il vous faut absolument ces affreux couacs pour digérer, je vous les pardonne, et, eussiez-vous mille autres vices, vous êtes si bon, si aimant, si sûr et si vrai, que, tout en vous grognant, je vous les passerais encore.

La santé est meilleure. J’ai fait aujourd’hui une belle course sur les hauteurs du cap Cépet ; c’était magnifique et j’ai trouvé beaucoup de plantes.

Je vois avec chagrin que vous n’allez pas mieux et avec plaisir que vos malades ont un peu de répit. Nous repartons demain à une heure, pour je ne sais où, s’il fait beau.

J’embrasse Désirée et les chères fillettes. Pauvre Anaïs, que de chagrins, à la fois ! Et ce pauvre naufragé, comment va-t-il ?

À vous de cœur et tendres amitiés d’ici.

G. SAND.
  1. Cocher de louage.