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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

l’unique solution des choses insolubles, la destinée vient toujours s’en charger ; mais je la tourmente, cette destinée, pour qu’elle vous ramène ici. Nous avons fini de jouer la comédie ; Marie Lambert est retournée à son Gymnase, et pourtant nous avons encore une velléité de trucs et de pièces fantastiques.

Peut-être, quand vous viendrez (vous avez promis au plus tard pour le mois prochain), recommencerons-nous un peu nos bêtises. Nous espérons le gai Lambert ; en ce moment, nous tenons Borie et sa jeune femme, un gros tourtereau avec sa pigeonne fluette et sérieuse. Nous ne les tenons que pour huit jours. D’autres que vous ne connaissez pas vont et viennent. Mais le grand regret, c’est d’être forcé de laisser partir votre gros ami Marchal. Je ne sais comment ce mastodonte s’y est pris, mais il s’est fait adorer de tout le monde, à commencer par moi. Il est vrai qu’il nous a beaucoup gâtés. Il nous a fait à tous nos portraits, merveilleux, charmants comme dessin, et d’une ressemblance que les portraits n’ont jamais eue. Il ne se doutait pas de ça, lui ; il est tout étonné d’avoir réussi. Il repart dans deux jours pour voir sa mère, qui s’impatiente, et pour s’envoler ensuite en Alsace. Je ne me rappelle plus si vous étiez ici quand il a fait ses deux esquisses de tableaux alsaciens. C’est très remarquable. Il ne connaît pas la peinture ; mais il dessine joliment bien. C’est un contraste à étudier que cette grosse nature faisant si délicatement des choses si élégantes. Les Flamands n’expliquent pas ça ; car,