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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

gens auxquels le jeune lecteur voudrait ressembler, sont des misérables. Toutes ces femmes honnêtes sont des niaises, et si impuissantes à conjurer le mal, qu’elles sont de trop sur la terre. Elles ne servent qu’à excuser les maris infidèles par l’ennui qu’elles leur procurent. Il n’y a de logique que Madelon. Si la nature humaine est ainsi faite autour d’elle, elle a raison de la mépriser et de ne plus rougir de rien.

Horrible conclusion d’un récit admirable de tous points et devant lequel tout ce que l’on a de littérature dans l’esprit, s’incline sans réserve, mais devant lequel aussi tout ce que l’on a d’honnêteté dans le cœur se révolte douloureusement.

Ne pensez pas que je ne comprenne point du tout ce que vous avez voulu faire et que je ne voie pas le côté sain de cette violente étude. Je sais que montrer et dévoiler les mauvais et les lâches est plus instructif que la prédication et la lecture de la Vie des Saints. Je conviendrai avec vous que, Feuillet et moi, nous faisons, chacun à notre point de vue, des légendes plutôt que des romans de mœurs. Je ne vous demande, moi, que de faire ce que nous ne savons pas faire ; et, puisque vous connaissez si bien les plaies et les lèpres de cette société, de susciter le sens de la force en le prenant justement dans le milieu que vous montrez si vrai, et que vous avez si magnifiquement observé et disséqué.

Je vous demande, je vous supplie, à présent que vous venez de faire le chef-d’œuvre de la victoire du