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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

virons. Pour qui a vu autre chose, c’est tout petit ; mais c’est d’un coquet ravissant. Entendons-nous pourtant, c’est le petit dans le grand ; car cette campagne romaine, tout unie, est immense comme une mer environnée de montagnes. Mais les détails, les ruines, les palais, les églises, les collines, les lacs, les jardins, tout cela paraît hors de proportion avec la scène qui les continue.

Pour nous autres, c’est une manière de vivre très récréative, que de courir toute la journée dans la solitude et de découvrir nous-mêmes le pays. Les guides sont ennuyeux et ne connaissent pas les chemins. Nous nous en passons. Enfin vous pouvez vous figurer notre existence, vous qui savez tout ce qu’il y a pour nous dans une promenade à Crevant ou au bois de Boulaize. Maintenant nous ramassons des plantes et nous attrapons des papillons sur les ruines de Tusculum, autour du lac Régille, que sais-je ? Les noms sont plus pompeux que les choses, mais les choses sont charmantes, voilà ce qui est certain.

Nous avons eu un temps affreux pour l’Italie, beaucoup de pluie dehors et beaucoup de froid à la maison ; car la température extérieure, quelque privée de soleil qu’elle soit, est toujours assez douce, et les appartements seuls sont inhabitables en cette saison. Ils sont immenses, voûtés, stuqués, peints à fresque, disposés en tout pour l’été. Rien ne ferme et le peu de cheminée qu’on a ne sait pas chauffer. Depuis trois jours seulement, nous avons un beau soleil, du matin