Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/132

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pays est adorable, bien plus beau encore que les environs de Rouen. J’ai vu par là des vestes dieppoises jolies, oh ! mais jolies comme des bijoux, et je n’ai pas pu me tenir d’en commander une pour Cocote ; je l’attends et je crois que ça lui fera plaisir.

Parlons de nous, car, de Paris, je ne connais rien encore. Je ne sais pas si on joue toujours les Don Juan. Je vous envoie des articles qui ne sont pas mauvais et on m’a écrit là-bas qu’il se faisait une réaction et qu’on s’apercevait que la pièce était charmante. Mais, si elle ne fait pas d’argent, on ne la soutiendra pas ; on ne la soutient peut-être plus. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors pour voir les affiches ; et je ne songe même pas à aller à Palaiseau par ce déluge. Parlons donc de ce que nous allons faire. Il faut faire ce Pied sanglant[1], il faut le faire ensemble, d’entrain et vite. Mais il faut voir la Bretagne.

Dites-moi tout de suite si vous voulez y venir ; car, si c’est non, inutile que j’aille à Nohant pour repartir de là, et doubler la fatigue et les frais du voyage. Si vous y venez avec moi, c’est différent, j’irai vous prendre.

Si vous ne voulez pas, j’irai y passer huit jours seule et j’irai ensuite à Nohant, d’où nous pourrons aller ailleurs. Quel que soit le temps, quand on veut voir, on voit ; on s’enveloppe, on se chausse et on n’en

  1. Drame joué plus tard à la Porte-Saint-Martin sous le titre de Cadio.