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DCXLVII

À GUSTAVE FLAUBERT, À PARIS


Nohant, août 1867.

Je te bénis, mon cher vieux pour la bonne pensée que tu as eue de venir ; mais tu as bien fait de ne pas voyager malade. Ah ! mon Dieu, je ne rêve que maladie et malheur : soigne-toi, mon vieux camarade. J’irai te voir si je peux me remonter ; car, depuis ce nouveau coup de poignard, je suis faible et accablée et je traîne une espèce de fièvre. Je t’écrirai un mot de Paris. Si tu es empêché, tu me répondras par télégramme. Tu sais qu’avec moi, il n’y a pas besoin d’explications : je sais tout ce qui est empêchement dans la vie et jamais je n’accuse les cœurs que je connais. — Je voudrais que, dès à présent, si tu as un moment pour m’écrire, tu me dises où il faut que j’aille passer trois jours pour voir la côte normande sans tomber dans les endroits où va le monde. J’ai besoin, pour continuer mon roman, de voir un paysage de la Manche, dont tout le monde n’ait pas parlé, et où il y ait de vrais habitants chez eux, des paysans, des pêcheurs, un vrai village dans un bon coin à rochers. Si tu étais en train, nous irions ensemble. Sinon ne t’inquiète pas de moi. Je vas partout et je ne m’inquiète