Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/24

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Les jeunes gens avaient résolu de dételer mes chevaux du sapin et de m’amener rue Racine. On a, Dieu, merci, empêché et calmé tout. On a un peu taquiné l’impératrice en lui chantant le Sire de Framboisy. Mais l’empereur a bien agi, il a applaudi la pièce, il est sorti à pied jusqu’à sa voiture, que la foule empêchait d’arriver. Il n’a pas voulu que la police lui fît faire place. On lui en a su gré et on l’a applaudi.

Il devrait bien faire supprimer l’escouade de mouchards qui l’acclament à son entrée, et auxquels les étudiants ont imposé silence hier ; je suis sûre que, sans elle, toute la salle l’applaudirait.

Les journaux d’aujourd’hui racontent de mille manières ce qui s’est passé hier ; mais ce que je vous raconte à bâtons rompus est exact. Aujourd’hui, il y avait dans la salle pas mal de catholiques qui essayaient de prendre des airs dédaigneux et embêtés. Mais ils ne pouvaient pas seulement cracher, et la moindre parole de leur part eût fait éclater une tempête. Décidément tout le monde ne les aime pas, et ils n’oseront pas broncher. Ils se vengeront dans leurs journaux, soit !

J’ai encore un jour ou deux à donner à Villemer ; et puis j’ai à voir M. Harmant, et puis la pièce de Dumas, qui vient samedi, et quelques affaires de détail à terminer ; l’impression de mon manuscrit de Villemer à livrer, c’est-à-dire la correction d’un manuscrit conforme à la mise en scène. J’espère avoir fini tout cela la semaine prochaine et courir vers vous et mon Coco-