Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/242

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layettes, lisant des journaux avec rage, des romans qui la font pleurer ; pleurant aussi aux marionnettes quand il y a un bout de sentiment, car il y en a aussi. Enfin, c’est une nature et un type : ça chante à ravir, c’est colère et tendre, ça fait des friandises succulentes pour nous surprendre, et chaque journée de notre phase de récréation est une petite fête qu’elle organise.

La petite Aurore s’annonce toute douce et réfléchie, comprenant d’une manière merveilleuse ce qu’on lui dit et cédant à la raison à deux ans. C’est très extraordinaire et je n’ai jamais vu cela. Ce serait même inquiétant si on ne sentait un grand calme dans les opérations de ce petit cerveau.

Mais comme je bavarde avec toi ! Est-ce que tout ça t’amuse ? Je le voudrais pour qu’une lettre de causerie te remplaçât un de nos soupers que je regrette aussi, moi, et qui seraient si bons ici avec toi, si tu n’étais un cul de plomb qui ne te laisses pas entraîner à la vie pour la vie. Ah ! quand on est en vacances, comme le travail, la logique, la raison semblent d’étranges balançoires ! On se demande s’il est possible de retourner jamais à ce boulet.

Je t’embrasse tendrement, mon cher vieux, et Maurice trouve ta lettre si belle, qu’il va en fourrer tout de suite des phrases et des mots dans la bouche de son premier philosophe. Il me charge de t’embrasser.

Madame Juliette Lamber[1] est vraiment charmante ;

  1. Depuis, madame Edmond Adam.