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bon. Moi, je ne fiche rien ; la flânerie me domine. Ça passera ; ce qui ne passera pas, c’est mon amitié pour toi.

Tendresses des miens, toujours.


DCLXXIII

À M. JOSEPH DESSAUER, À ISCHL (AUTRICHE)


Nohant, 5 juillet 1868.


Comme c’est aimable à toi, mon Chrishni, de ne pas oublier ce 5 juillet, qui, tout en m’ajoutant des années, me réjouit toujours comme s’il m’en ôtait, parce qu’il me renouvelle le doux souvenir de mes amis éloignés. Si fait, va, nous nous reverrons. On n’est pas plus vieux à soixante et dix ans qu’à trente, quand on a conservé l’intelligence, le cœur et la volonté. Tu n’as rien perdu de tout cela ; la seule infirmité dont tu te plaignes, c’est l’affaiblissement de la vue. Cela ne t’empêche pas de voir la nature et de me ramasser de très petites fleurettes, la linaria pelliosierana, et d’apprécier le magnifique spectacle de ton lac et de tes montagnes. Oui, c’est beau, ton pays, et je te l’envie, d’autant plus qu’il soutient contre l’intolérance et l’ambition cléricale une lutte qui humilie la France.

Quant au déclin de l’art chez toi et chez nous, oui,