Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/363

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Les cinq jeunes seigneurs, que des artistes de réelle valeur, Charles Lemaître en tête, ont tenu à honneur de jouer, avaient l’air d’être descendus de quelque toile de Giorgione ou de Bonifazio.

La mise en scène est d’une exactitude, c’est-à-dire d’une richesse qui fait revivre à souhait pour le plaisir des yeux toute cette splendide Italie de la Renaissance. M. Raphaël Félix vous a traité bien plus que royalement : artistement.

Mais — il ne m’en voudra pas de vous le dire — il y a quelqu’un qui vous a fêté encore mieux que lui, c’est le public, ou plutôt le peuple.

Quelle ovation à votre nom et à votre œuvre !

J’étais tout heureuse et fière pour vous de cette juste et légitime ovation. Vous la méritez cent fois, cher grand ami. Je n’entends pas louer ici votre puissance et votre génie ; mais on peut vous remercier d’être le bon ouvrier et l’infatigable travailleur que vous êtes.

Quand on pense à ce que vous aviez fait déjà en 1833 ! Vous aviez renouvelé l’ode ; vous aviez, dans la préface de Cromwell, donné le mot d’ordre à la révolution dramatique ; vous aviez, le premier, révélé l’Orient dans les Orientales, le moyen âge dans Notre-Dame de Paris.

Et, depuis, que d’œuvres et que de chefs-d’œuvre ! que d’idées remuées ! que de formes inventées ! que de tentatives, d’audaces et de découvertes !

Et vous ne vous reposez pas ! Vous saviez hier là-