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DLVIII

À M. GUILLEMAT, LIBRAIRE, À LA CHÂTRE[1]


Nohant, 11 juin 1864.


Monsieur,

Je suis vivement touchée de la lettre collective qui m’a été écrite au nom de plusieurs artisans et commerçants de la Châtre ; je vous prie de leur en exprimer ma reconnaissance et de leur dire que je n’oublierai jamais notre bon pays et les sympathies que j’y ai rencontrées. Elles me payent largement des petites persécutions qui m’ont été suscitées en d’autres temps et que j’aurais rencontrées partout ailleurs ; car le monde ne comprend pas toujours que l’humanité n’est qu’une seule et même famille, et il faudra encore du temps pour que l’on sache où est le bonheur.

Il serait dans la sainte fraternité et son jour viendra, les poètes n’en peuvent pas douter ; car c’est le pressentiment qui les fait vivre.

Nous traversons, en attendant, une époque de civilisation où le travail est anobli dans l’opinion des

  1. En réponse à une lettre collective des ouvriers de la Châtre, faisant leurs adieux à George Sand, qui allait quitter Nohant, pour s’établir à Palaiseau (Seine-et-Oise).