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DCCCIV

À M. BERTON PÈRE, À SAINT-AVERTIN,
PAR TOURS


Nohant, 17 mai 1871.


Mes pauvres enfants, quelles tristes, nouvelles vous me donnez ! J’en suis toute abattue. Moi qui me consolais du malheur d’autres absents, en me figurant que vous étiez du moins tranquilles et en sûreté ! Clerh et Porel, qui sont ici, me disaient vous avoir rencontrés partant aussi, et fuyant la honteuse alternative de la guerre civile ou de l’écrasement social. D’autres malheurs vous attendaient chez vous, la variole noire, qui nous forçait aussi, l’année dernière, de fuir les accidents, les morts, l’inquiétude ! comme si les désastres publics ne suffisaient pas, ces déplorables années déchaînent sur nous tous les fléaux. — Grâce à Dieu, vos chers petits sont sortis sains et saufs du danger et tout semble aller un peu mieux chez vous. Pour Paris, nous touchons au dénouement plus ou moins tragique, plus ou moins burlesque. Quand on voit quels hommes sont à la tête de cette insurrection, les uns odieux, les autres crétins, on ne peut s’intéresser à leur égarement. Et puis cette doctrine de dictateur nous va de moins en moins, il est temps